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La vengeance de Milady

3 - Chapitre 3

Lorsque les quatre amis rentrèrent dans l’Auberge du Vieux Moulin, le maître des lieux se précipita vers eux.

-Que vous est-il arrivé Monsieur?

Il regarda le jeune homme à qui il avait loué la chambre, et qui, appuyé sur un grand gaillard très costaud, se dirigeait vers l’escalier en traînant difficilement les pieds. Il remarqua la dague encore enfoncée qu’il tenait d’une main tremblante.

-Oh! S’exclama-t-il.

-Monsieur, Fit Athos, Nous sommes les amis de ce mousquetaire. Nous aurions besoin d’eau chaude, de chiffons propres et d’une bouteille de whisky si vous en avez.

-Oui oui, tout de suite!

L’aubergiste se dépêcha de leur apporter ce qu’ils avaient demandé.

Porthos avait quant à lui réussi à faire monter l’escalier à son jeune compagnon, bien que ce soit lui qui ait presque entièrement porté tout son poids. Cela ne le dérangeait pas, mais il se faisait du souci. Arrivé à la chambre, il déverrouilla la porte et installa prudemment d’Artagnan sur l’un des lits. La pièce était étroite et divisée en deux par un panneau de bois. Porthos ouvrit la petite fenêtre du fond pour donner un peu d’air à son camarade.

-D’Artagnan, comment vous sentez-vous? Demanda-t-il, anxieux.

Mais avant que son jeune ami ne puisse lui répondre, Athos et Aramis entrèrent dans la pièce avec plusieurs objets en main.

-Il faut retirer ce poignard au plus vite, Déclara Athos en s’asseyant à coté de d’Artagnan.

Il déchira son vêtement autour de la blessure et pris les chiffons d’une main. De l’autre, il prit la petite bouteille de whisky et enleva le bouchon avec ses dents.

-Tenez, Dit-il en posant la bouteille aux lèvres de son ami, Buvez.

D’Artagnan en prit quelques gorgées, et la sensation d’étourdissement ne fit qu’augmenter. Voyant que Athos allait empoigner le manche du couteau, il serra les dents, sachant trop bien ce qui s’en venait. D’un geste vif, son ami le retira et appuya aussitôt des chiffons à cet endroit. Il fallut à d’Artagnan toute sa volonté pour ne pas hurler. Cependant, l’alcool qui lui embrumait l’esprit lui permit de ne pas avoir à subir la suite. Il sombra dans une profonde léthargie et ses amis purent souffler un peu.

-Athos, il va s’en sortir n’est-ce pas? Demanda Aramis qui se trouvait toujours à ses cotés.

-Rien n’est sûr, mais je crois qu’il s’en sortira sans trop de mal.

Aramis et Porthos poussèrent un long soupir de soulagement et prirent place sur le lit voisin afin de pouvoir veiller eux aussi sur leur jeune compagnon blessé.

***

Plusieurs heures plus tard, à la lueur de la chandelle posée sur la table, les trois camarades veillaient toujours. Porthos cognait des clous et Aramis sommeillait sans trop s’en rendre compte. Athos lui, appliquait des compresses afin de faire baisser la fièvre. Il avait pansé les blessures de d’Artagnan et il ne semblait plus y avoir de danger.

Aramis marmonna bientôt quelque chose, puis ouvrit les yeux.

-Athos… comment va-t-il?

-Bien, d’après ce que je peux en dire…

Il se tourna vers Porthos qui bailla et s’étira longuement.

-Pourquoi n’allez-vous pas vous coucher tout les deux? Demanda Aramis, Je vais prendre la place d’Athos…

-Bien, puisque vous avez déjà dormi un peu, je n’y vois pas d’inconvénient… cependant, réveillez-moi dans deux heures, nous nous relayerons.

Athos et Portos se dirigèrent vers les deux lits qui se trouvaient de l’autre coté du panneau de bois. Ils s’y installèrent sans demander leur reste.

Prenant le seau d’eau par l’anneau métallique, Aramis décida d’aller chercher de l’eau fraîche avant toute chose. Elle sortit de la chambre, descendit l’escalier à pas feutrés et passa la porte de l’auberge en silence. Dehors, un hennissement sourd lui fit tourner la tête. C’était Rossinante, qui attendait toujours au pas de la porte.

-Oh ma pauvre Rossinante! Nous t’avons oubliée ici n’est-ce pas?

Aramis caressa le cheval avec un petit sourire.

-Ne t’inquiète pas, d’Artagnan va bien.

Rossinante hennit de joie.

-Viens, Fit Aramis, Je te ramène à l’écurie, tu pourras dormir.

Elle ramena le cheval à son box, puis elle passa au puits chercher de l’eau fraîche. En revenant à l’auberge, elle jeta un dernier regard aux environs.

-Cette perfide Milady, Gronda-t-elle entre ses dents, Si je l’attrape, elle payera cher!

Aramis revint à la chambre où ses amis dormaient à poings fermés. Elle prit place tout près de d’Artagnan et retira la compresse sur son front. Elle la trempa, l’essora, puis l’appliqua à nouveau. Sa main s’arrêta sur la joue brûlante du jeune homme. Il était son ami, mais il était aussi devenu comme un frère. Depuis qu’elle été venue à son secours face à Jussac dans l’incident de l’éléphant, à ses tous débuts à Paris, Aramis avait développé un sentiment protecteur envers lui. Quoi qu’il fût bien capable de se défendre, il était tout de même beaucoup plus jeune que les autres mousquetaires. C’était peut-être pour cette raison qu’Aramis se préoccupait de lui à ce point, même si elle le faisait avec discrétion.

Avec un long soupir, Aramis changea une autre fois la compresse. Elle l’appliqua, mais d’Artagnan restait allongé, perdu dans un profond sommeil.

Après que l’hémorragie ait été enrayée, Athos avait soigneusement posé des bandages sur la plaie. Ceux-ci étaient maintenant rosés, comme si le sang avait fui au travers. Aramis les changea pour des nouveaux. Elle entendit un faible gémissement, puis les yeux bleus de son ami apparurent sous de lourdes paupières.

-Aramis?

Ayant noté la faiblesse de la voix de d'Artagnan, elle chuchota à son tour.

-Je soignais seulement votre blessure. Désolée de vous avoir réveillé.

D’Artagnan hocha la tête, puis après un moment, il se rappela soudainement qu’elle était une femme.

-Mais Aramis! Je…

Embarrassé, il tenta de s’asseoir et de se couvrir un peu mais il fut doucement repoussé sur l’oreiller par une main bienveillante.

- Ne vous inquiétez pas, Fit-elle avec un clin d’œil, je n’ai rien vu du tout!

D’Artagnan sourit nerveusement, à moitié rassuré. Puis, il songea qu’Aramis était peut-être une femme, mais qu’elle était avant tout son amie. Qu’elle le soigne malgré son pourpoint entrouvert n’avait aucune importance, puisqu’elle était là pour l’aider comme tant d’autres fois.

-Vous êtes exténué, Fit doucement remarquer Aramis à son jeune compagnon, Dormez donc encore un peu…

-Moui…, Marmonna d’Artagnan, Dormir… Juste un peu…

Ses paupières se refermèrent et Aramis sourit affectueusement.

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