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La jeunesse d'Aramis

8 - Le retour de Monsieur de Plessus

Renée revenait lentement à la vie. Elle passait ses journées en salle d’armes ou dans les écuries. Elle était encore un peu maigre mais reprenait un peu des couleurs.
Trois mois s’étaient déroulés depuis la mort de François. Elle nettoyait le pelage d’Azalée dans l’écurie quand elle entendit un petit rire.
- Ne me dites pas que vous en êtes réduite à jouer les garçons d’écurie !
Elle se retourna. Monsieur de Plessus se tenait en face d’elle et la toisait avec curiosité.
- Que me voulez-vous ? demanda-t-elle avec brutalité.
- Je venais prendre de vos nouvelles après la terrible épreuve que vous avez traversée… Mais je suis rassuré, vous ne semblez pas avoir perdu votre mauvais caractère.
- C’est très aimable de votre part, dit-elle sèchement. Mais je n’ai guère de temps à perdre en mondanités, aussi veuillez me laisser.
- Vous préférez sans doute la compagnie des chevaux à la mienne ! répondit-il vexé.
- Effectivement !
Sur ces mots, elle sauta sur le dos d’Azalée et partit au galop.
Quelle insupportable gamine ! songeait Plessus avec colère. Pour qui se prenait-elle pour le rejeter avec un tel mépris ? Toutes les jeunes filles de la région auraient rêvé d’obtenir son attention ! Devait-il aimer les défis pour s’obstiner avec cette petite mal élevée ! Mais elle était tellement jolie ! Elle était même plus belle qu’avant. Ses traits s’étaient creusés la rendant plus féminine et même amaigri, son corps semblait promettre de délicieux plaisirs… Même ses rebuffades ne la rendaient que plus excitante !... Dire qu’il avait craint de trouver une jeune fille brisée ! Il n’aurait pas été attiré par une femme belle mais vide… Non, le feu qui brûlait en elle était encore plus violent qu’auparavant. Quel délice ce serait de la posséder ! Elle serait à lui qu’elle le veuille ou non !

Plessus savait que Renaud d’Herblay ne l’aimait guère. Ce vieux soldat ne jurait que par la noblesse d’épée. Il méprisait les Plessus qui avaient acheté leur particule grâce à leur fortune. C’était sans doute pour ça qu’il avait préféré le béarnais au fermier général.
Plessus se sentait humilié de devoir s’abaisser devant ce vieil arrogant, mais il était prêt à tout pour obtenir la femme qui obsédait ses pensées. L’accord de père était indispensable, surtout que la mère lui mangeait déjà dans la main.
- Monsieur d’Herblay, je vous avais déjà fait part des sentiments que je ressentais à l’égard de mademoiselle votre fille, l’été dernier. Ils n’ont pas changé depuis… Aussi, je viens me mettre à vos genoux pour vous demander de m’accorder sa main.
Le vieil homme le regarda avec mépris.
- Ma fille n’est pas prête à se marier pour le moment. Elle a encore besoin de temps pour envisager à nouveau d’unir sa vie à quelqu’un…
- Monsieur, sachez que je comprends vos réticences et que j’admire l’attention que vous portez aux sentiments de votre fille. Toutefois, je pense que vous avez tort de vouloir laisser passer ainsi le temps… Permettez-moi d’être franc avec vous, on jase beaucoup dans nos petites villes et un célibat prolongé de Renée risque d’alimenter bien des commérages.
- Qu’osez-vous dire ?
- Mademoiselle votre fille a passé bien des moments seule avec Monsieur de Montsorot… Les gens sont médisants et ils murmurent déjà qu’elle aurait peut-être accordé ses faveurs à l’homme qu’elle devait épouser…
- Je vous interdis !
- Entendez-moi bien, je ne doute pas de la vertu de Renée et je n’ai pas de plus cher désir que de faire taire ces médisances. Mais songez que seul un mariage pourrait y parvenir. Si Renée reste trop longtemps sans engagement, de plus en plus de gens vont se demander si ce n’est pas parce qu’elle est déshonorée.
Plessus souriait intérieurement en regardant Renaud d’Herblay bouillir. Cela faisait plusieurs jours qu’il avait préparé son discours et il avait trouvé les mots justes pour troubler le vieux soldat.
- Je vous prie de me laisser faire ravaler leurs paroles à ces fâcheux. Je veux permettre à Renée de les regarder la tête haute… Je veux être l’homme qui défendra son honneur.
Plessus savait que pour Renaud d’Herblay l’honneur de sa fille était la seule chose qui comptait plus que son bonheur. Il ne pourrait jamais accepter l’idée que sa fille soit insultée par quiconque. Plessus avait trouvé le seul argument qui pouvait faire plier ce père aimant.

  1 - Une mère soucieuse
2 - Brève rencontre
3 - Le bal de Monsieur de Plessus
4 - Bonheur
5 - Confiance et union
6 - Une nuit d’orage
7 - Mutisme
8 - Le retour de Monsieur de Plessus
9 - Engagement honni
10 - Décision
11 - Départ
12 - Le capitaine de Tréville
13 - Les mousquetaires