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La jeunesse d'Aramis

6 - Une nuit d’orage

Après le soleil radieux du début d’après-midi, de gros nuages noirs couvraient le ciel de cette fin de journée. Renée n’était guère étonnée, les averses étaient fréquentes dans cette région, début septembre…
Elle galopait sans se soucier des éclairs qui zébraient le ciel. Elle sentait encore sur son corps la chaleur des caresses de son amant. La fraîcheur de la pluie était bien impuissante à éteindre le feu qu’avait allumé leur étreinte… Elle n’aurait pas imaginé un tel bonheur, une telle plénitude. Il lui semblait être entière pour la première fois de sa vie, avoir retrouvé la partie d’elle-même qui lui manquait pour s’accomplir totalement…
François, ce sera un tel bonheur de t’appartenir chaque jour de ma vie, songeait-elle en éperonnant sa jument, impatiente de rejoindre son aimé…
Elle voyait les grilles du manoir quand il entendit le grondement d’une dizaine de chevaux partant au galop de l’autre côté de la route… Elle accéléra l’allure.
La porte était grande ouverte laissant un vent glacial s’engouffrer dans le manoir… Une boule d’angoisse dans la gorge, elle sauta de son cheval et entra en courant.
Après une course effrénée, elle entra dans ce qui semblait être le salon. Les fenêtres étaient brisées, les meubles renversés… Un éclair jeta une lumière crue sur la pièce en désordre. Un hurlement jaillit de sa bouche.
- FRANCOIS !
Il gisait étendu dans une mare de sang. Elle se jeta à ses côtés et l’enserra dans ses bras, tremblante et terrifiée. Elle couvrait son visage tant aimé de baisers frénétiques… Il entrouvrit ses yeux, posant sur elle ce regard qui la faisait se sentir exceptionnelle.
- Renée… murmura-t-il.
- Que s’est-il passé ? Tu es blessé… Il faut aller chercher un médecin…
Elle était comme hystérique. Il agrippa son bras.
- Reste là… Il n’y a plus rien à faire…
- Non ! Tu ne peux pas dire ça !
- J’aurais tellement voulu te voir dans ta robe de mariée…
- Tu me verras… Accroche-toi ! Tu ne peux pas me laisser !
- Je suis si heureux de t’avoir connue… Tu as été la flamme qui a réchauffé mon cœur… Je t’aime tellement… J’aurais voulu vieillir à tes côtés…
Caressant ses joues couvertes de larmes, il murmura dans un souffle :
- Au moins, j’aurais le bonheur de mourir dans tes bras…
- NON !
L’étincelle… L’étincelle qui animait ses yeux… Cette étincelle était partie… Elle pressait son corps contre elle mais il était vide… Il n’y avait plus qu’un corps. L’âme de François s’en était allée.
  1 - Une mère soucieuse
2 - Brève rencontre
3 - Le bal de Monsieur de Plessus
4 - Bonheur
5 - Confiance et union
6 - Une nuit d’orage
7 - Mutisme
8 - Le retour de Monsieur de Plessus
9 - Engagement honni
10 - Décision
11 - Départ
12 - Le capitaine de Tréville
13 - Les mousquetaires