39 - Engagement d'éternitéUne semaine s'écoula, sereine et heureuse. Les deux jeunes gens quittaient leur domaine le matin, faisaient halte pour permettre à Aramis de
revêtir son uniforme, et ils arrivaient à quelques instants d'intervalle au quartier général des mousquetaires. Ils y retrouvaient leurs
amis, et la vie reprenait son cours habituel jusqu'au soir. Porthos les avaient d'ores et déjà assurés de l'arrivée prochaine de son ami
Denis, ce qui soulagea la jeune femme pour qui les entraînements et les gardes devenaient pénibles. Elle aspirait à un peu de repos dans la douce
quiétude de leur demeure, d'autant qu'avec l'arrivée de sa nouvelle garde-robe, elle reprenait goût à une vie plus conventionnelle pour une
femme. Profitant d'un jour de repos pour eux et leurs deux inséparables amis, Athos avait préparé une petite surprise à sa compagne. A son
réveil, Aramis trouva le sourire habituel de Toinette, qui s'empressa de l'aider à sa toilette, avec un brin de nervosité qui n'échappa pas
à Aramis. Lorsqu'elle lui en demanda la raison, la jeune servante répondit sobrement :
- Ce n'est pas un jour comme les autres aujourd'hui, Mademoiselle.
Aramis devina la différence de cette journée lorsque la jeune fille lui porta, au lieu de l'ensemble parme qu'elle avait demandé, la plus
somptueuse des robes que l'on puisse imaginer, taillée dans une soie blanche d'une beauté incomparable. Les manches et le haut du buste étaient
recouverts d'une délicate dentelle bleu pâle, qui habillait également le dos et l'arrière de la volumineuse jupe. Une fine boucle d'or
resserrait la dentelle sous sa poitrine mais le reste de l'avant restait d'un blanc pur. Un modèle probablement demandé par Athos à Maître
Berterand, dans le plus grand secret. La jeune femme se laissa habiller sans un mot, sentant une grosse boule d'émotion qui serrait sa gorge. C'est tout juste
si elle pouvait se reconnaître dans le reflet du miroir, tant cette toilette était lumineuse et coupée de façon à la mettre en
valeur. Lorsqu'elle descendit, dans un doux bruit de tissu, elle retrouva Porthos et D'Artagnan qui l'attendaient, tout sourire, au pied des marches. Les deux
traîtres étaient certainement dans le secret depuis le début ! Ils la précédèrent dans le salon, où Athos
l'attendait, extraordinairement élégant et séduisant dans ses plus riches atours, en compagnie d'un homme qu'elle reconnut comme le prêtre
du village voisin. Elle vint tout près de lui, accompagnée de ses deux protecteurs, et il prit ses mains dans les siennes avec un regard radieux, à
la fois satisfait de voir son plan se dérouler comme prévu, et émerveillé de la beauté de sa future femme. Le prêtre entama
un long discours sur les devoirs des époux l'un envers l'autre. Chacun l'écoutait en silence, jusqu'à ce qu'il s'adresse à Aramis :
- Mademoiselle Renée d'Herblay, acceptez-vous de prendre cet homme pour époux devant Dieu et de lui être fidèle jusqu'à la mort ?
- Oui…
- Monsieur Athos de Bragelonne, Comte de la Fère, acceptez-vous de prendre cette femme pour épouse devant Dieu et de lui être fidèle
jusqu'à la mort ?
- Oui…
L'échange de leur consentement constituait leur premier échange verbal ce jour-là. Porthos chercha fébrilement dans sa poche les
alliances qu'il avait eu si peur d'oublier, le prêtre les bénit, et Aramis découvrit le fin anneau d'or ciselé qu'Athos avait choisi pour
elle, identique à celui que lui-même allait porter. Leur union légitime et indissoluble fut proclamée par l'homme d'église, qui pria
pour le bonheur de leur couple, avant de prendre congé. Les quatre amis purent ensuite profiter du gargantuesque festin préparé par Henriette.
Aramis passait du rire au larmes, et des larmes au rire, à chaque instant : sans doute elle et Athos n'étaient pas prêts d'oublier cette
journée. Ils restèrent à deviser tous ensemble jusque tard dans la soirée. Porthos en profita pour annoncer l'arrivée de son
remplaçant pour le lendemain. La nuit même, alors que sa toute jeune épouse se reposait contre son épaule, Athos demanda :
- Te voilà finalement obligée de t'éloigner de la compagnie des Mousquetaires, par ma faute. Ne vas-tu pas le regretter au moins ?
- Je ne pense pas. Je crois qu'il y a beaucoup de choses qui ont changé en moi depuis que j'ai appris que je portais notre enfant, mes priorités ne sont
plus les mêmes.
- Je ne veux pas que tu sois malheureuse.
- Je suis infiniment heureuse, surtout en cet instant, où je suis blottie entre tes bras après m'être donnée à toi en tant
qu'épouse légitime et non plus comme une quelconque maîtresse, et où je sens notre enfant bouger dans mon ventre, visiblement peu
désireux de me laisser m'endormir. |
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21 - Incertitudes 22 - Le passé d'Athos 23 - Une nouvelle mission 24 - Voyage vers l'Angleterre 25 - Au hasard d'une halte 26 - Un nouveau secret 27 - Le pied marin 28 - Sur le sol anglais 29 - D'Artagnan a des ennuis 30 - Règlement de compte 31 - Le grand bal du départ 32 - Retour en France 33 - Revirement 34 - Déchirements 35 - Révélations 36 - Le temps des explications 37 - Face au Capitaine 38 - Le pavillon de Versailles 39 - Engagement d'éternité 40 - Le remplaçant
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