38 - Le pavillon de VersaillesDès le lendemain matin, Athos emmena Aramis "chez eux". Ils prirent le chemin de Versailles ensemble, sous le soleil hivernal, chevauchant lentement au milieu
de la neige qui était tombée depuis peu. La propriété était à peu près invisible depuis le chemin, et Aramis suivait
son compagnon en se demandant s'il savait bien où il allait, mais au bout d'un moment, une grande bâtisse grisâtre apparut au milieu de la
végétation et de la neige. Le bâtiment semblait reposer dans un écrin de givre, qui étincelait sous la lumière. L'effet
était magnifique et la jeune femme resta muette d'admiration devant le spectacle. Athos conduisit les chevaux à l'écurie mitoyenne, et revint
auprès d'elle.
- Est-ce que ton nouveau foyer te plaît ?
- Comment ne pas aimer un tel endroit ? C'est tellement beau…
- Viens, tu vas prendre froid à rester ainsi dans la neige.
Il se diffusait une douce chaleur dans le salon, Athos lui expliqua que les domestiques étaient déjà présents depuis des jours, attendant
leur arrivée qui avait été repoussée suite à leur mésentente. Il avait conservé son valet, Grimaud, et avait
engagé une adorable jeune personne répondant au nom de Toinette pour servir Aramis. Le groupe était complété par Henriette qui
s'occupait de l'intendance et de la tenue de la demeure. Aramis ferma les yeux, goûtant au bonheur de se sentir chez elle auprès de l'homme qu'elle
aimait. La journée se passa à découvrir le domaine et la maison. Le salon situé à gauche du hall était immense, et
communiquait avec une vaste salle à manger. La partie droite du rez-de-chaussée abritait les cuisines et les appartements de la domesticité. Au
fond du hall se tenait un immense escalier de marbre qui formait un large demi cercle jusqu'à l'étage, où se trouvaient les chambres. Aramis eut
un petit frémissement en entrant dans celle qu'elle partagerait avec Athos, entièrement tapissée et drapée de bleu, du plus foncé au
plus pastel, pour s'harmoniser avec ses yeux, selon les propres mots de son compagnon. Un peu plus tard, ils reçurent la visite de Maître Berterand, le
meilleur tailleur de Paris, venu à la demande d'Athos afin de pourvoir à la garde robe d'Aramis. La jeune femme ne possédait guère que des
tenues masculines, qui ne convenaient pas à leur nouvelle situation : il était en effet convenu que les serviteurs ne seraient pas mis au courant du
fait qu'elle servait le Roi parmi les mousquetaires. Par ailleurs, les rares robes qu'elle avait ne lui allaient plus, les corsets étant pratiquement
impossibles à fermer. Elle se plia donc à une longue séance de mesures et de choix de tissus en tout genre. Lorsqu'ils se trouvèrent enfin
seuls, dans leur chambre, il l'attira à lui, et elle murmura :
- J'ai l'impression d'avoir vécu mille heures aujourd'hui. C'est comme vivre un rêve…
- Es-tu heureuse ?
- Infiniment, même s'il est étrange de songer que nous n'avons plus à nous cacher ici.
Il eut un petit rire et emprisonna sa bouche dans un baiser enflammé, tout en dénouant les lacets de son bustier. Elle apprécia la
dextérité de ses mains, bien plus habiles à défaire une robe qu'un pourpoint. Le flot de tissus qui la vêtait tomba sur le sol,
jusqu'à la moindre des chemises, la laissant totalement nue. Il souffla la bougie pour pouvoir la contempler à la seule lueur des flammes qui
crépitaient dans la cheminée. Ce faible éclairage nimbait son corps avec douceur et mettait ses formes en valeur, Athos songea qu'il n'avait
jamais vu un corps plus beau que celui de cette femme qui portait son enfant. Lorsqu'il l'allongea tendrement sur l'édredon, elle soupira avec volupté,
s'abandonnant aux caresses de son amant qui étaient plus douces et plus hésitantes qu'à l'accoutumée, comme s'il craignait de la blesser.
Ce fut elle qui prit l'initiative de l'attirer à elle, lui signifiant son désir dans un murmure rauque. Il s'allongea sur elle, tandis qu'elle relevait
ses jambes fines autour de sa taille pour mieux se soumettre à lui. Ils n'avaient pas fait l'amour depuis des semaines du fait de leur dispute, ils se
retrouvèrent donc avec une passion farouche, s'abandonnant à ce que leur dictaientt leurs sens, enivrés de la sensation de leurs corps si
intimement reliés. A chacun de ses coups de rein, elle gémissait de plaisir, labourant inconsciemment son dos de ses ongles, et lui n'eut pas à
retenir cette fois ses propres râles lorsqu'il atteignit la jouissance. Jamais ils n'avaient pu ainsi se laisser aller à leur plaisir, et cette
étreinte, aussi débridée qu'elle puisse paraître, les rapprocha encore davantage. Peu après, emprisonnée entre ses bras
puissants et sentant son souffle régulier contre son épaule, Aramis réalisa brusquement le changement de sa vie : il passerait la nuit
auprès d'elle et serait encore là à son réveil. Ils pourraient échanger des marques d'affections sans avoir besoin de s'isoler. Ils
seraient toujours présents l'un pour l'autre à l'avenir, et cette seule pensée la remplissait d'un bonheur indescriptible, tandis qu'une main
caressait tendrement son ventre arrondi. |
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21 - Incertitudes 22 - Le passé d'Athos 23 - Une nouvelle mission 24 - Voyage vers l'Angleterre 25 - Au hasard d'une halte 26 - Un nouveau secret 27 - Le pied marin 28 - Sur le sol anglais 29 - D'Artagnan a des ennuis 30 - Règlement de compte 31 - Le grand bal du départ 32 - Retour en France 33 - Revirement 34 - Déchirements 35 - Révélations 36 - Le temps des explications 37 - Face au Capitaine 38 - Le pavillon de Versailles 39 - Engagement d'éternité 40 - Le remplaçant
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