30 - Règlement de compteA peine une dizaine de jours après ces évènements, les quatre amis escortèrent leurs majestés à une partie de chasse,
donnée par le Roi Charles 1er. Une tente fut dressée dans la campagne verdoyante, afin d'abriter les femmes et les courtisans qui ne chassaient pas,
des frimas hivernaux. Le Roi Louis XIII, ainsi que son beau-frère avaient, eux, décidé de ne pas perdre un instant de cette journée de
distraction, et sitôt qu'un gibier fut repéré, ils se lancèrent dans la battue, suivis tant bien que mal par les gardes anglais et Monsieur
de Tréville. Athos, Porthos, D'Artagnan et Aramis tentèrent de les suivre également, mais leurs chevaux exténués par les voyages
successifs ne purent garder le contact avec celui du Roi Louis dans sa course au chevreuil. Dans la mesure où la monture du Capitaine de Tréville avait
suivi le rythme, il se contentèrent de suivre leur piste, l'œil aux aguets. Le calme manifesté à l'encontre de leur souverain depuis leur
arrivée les encourageait à une certaine confiance, même si tout était toujours possible, comme ils ne devraient pas tarder à s'en
rendre compte. Au détour d'un sentier buissonneux, une horde d'une dizaine d'hommes richement vêtus les entoura. Chacun portait un masque, les
menaçant de la pointe de l'épée. Le plus majestueux d'entre eux éleva la voix, prononçant une sorte de sentence implacable :
- A la mémoire de la grandeur du Duc de Buckingham, nous faisons serment de venger sa mort par la perte de ceux qui n'ont pas voulu achever sa
meurtrière.
Les mousquetaires s'entre-regardèrent avec effarement, mais tirèrent leur épée de leur fourreau. Athos se plaça auprès de
D'Artagnan :
- N'allez pas imaginer que nous nous laisserons abattre sans nous défendre !
Porthos renchérit en se dressant de toute sa haute taille :
- Approchez donc si vous l'osez, que je vous fasse goûter au fer de ma lame !
Leurs agresseurs se jetèrent en avant, allant jusqu'à attaquer à plusieurs D'Artagnan, qui se défendit comme un diable,
épaulé par ses compagnons. Les gredins semblaient prêts à tout, y compris à tous les tuer, bien que la cible avérée de
cette embuscade soit le jeune gascon. En dépit de ses efforts, une lame ennemie lacéra profondément son flanc. Porthos, qui s'était
débarrassé de son dernier assaillant à grands coups de poing, se porta aussitôt à son secours, saisissant Rossinante par la bride
pour l'éloigner, tandis qu'un large mouvement de son épée faisait ruer les chevaux de deux de ces hommes qui se retrouvèrent à
terre. Aramis ne prit pas garde à un de ces hommes, qui dans un ultime soubresaut, tenta de planter une dague dans son mollet. Elle retint un cri de douleur, et
arracha l'arme qui n'avait pas pénétré trop profondément, et la retourna contre son agresseur dont le masque se brisa en deux lorsque la
lame se logea entre ses deux yeux. Plusieurs des Anglais étaient tombés sous leurs coups, ceux qui restaient finirent par s'enfuir, dépités
de n'avoir pu faire mieux que de blesser l'un de ces mousquetaires, ce qui était bien loin de leur objectif. Les quatre compagnons revinrent vers la tente de
base, D'Artagnan avait perdu beaucoup de sang et fut immédiatement pris en charge par les médecins, sous les regards inquiets de Constance et des deux
Reines. Aramis, craignant d'être elle aussi emmenée pour être soignée, banda discrètement sa propre blessure à l'aide de son
mouchoir, serrant jusqu'à interrompre l'écoulement de sang. Les souverains ne tardèrent pas à revenir, brandissant avec fierté le
produit de leur chasse. Leur euphorie s'envola instantanément en apprenant ce qui s'était passé en leur absence. Le Roi Charles fut grandement
contrarié d'apprendre que sa décision de ne pas poursuivre D'Artagnan, suite à l'affaire Milady, n'avait pas été respectée
par ses courtisans. Il lui était visiblement déplaisant de voir ainsi son autorité bafouée en présence d'un autre monarque. Il se
confondit en excuses, promettant de découvrir les vils instigateurs de ce guet-apens. Il leur offrit également l'hospitalité dans son palais
jusqu'au rétablissement du jeune homme blessé et le Roi Louis XIII le remercia chaleureusement de ses efforts. La troupe prit le chemin du retour pour
le palais royal. La journée avait été riche en actions pour les uns, et en émotions pour les autres, tous étaient harassés.
D'Artagnan fut confié aux bons soins des religieuses qui dirigeaient l'hôpital du palais de Windsor. Constance demanda l'autorisation de rester
auprès de lui, ce qui lui fut accordé. Les autres retournèrent dans leurs appartements respectifs. Dès son retour dans sa chambre, Aramis
défit son bandage grossier. La plaie se remit aussitôt à saigner. Elle en ressentait des élancements tout au long de sa jambe. En
dépit de la douleur, elle nettoya au mieux la blessure, et entreprit de rebander correctement sa jambe. Sans doute boîterait-elle quelques temps, mais
elle prétexterait une foulure de sa cheville. Epuisée par cette journée et le sang qu'elle avait perdu, elle s'étendit et s'endormit
aussitôt profondément. |
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21 - Incertitudes 22 - Le passé d'Athos 23 - Une nouvelle mission 24 - Voyage vers l'Angleterre 25 - Au hasard d'une halte 26 - Un nouveau secret 27 - Le pied marin 28 - Sur le sol anglais 29 - D'Artagnan a des ennuis 30 - Règlement de compte 31 - Le grand bal du départ 32 - Retour en France 33 - Revirement 34 - Déchirements 35 - Révélations 36 - Le temps des explications 37 - Face au Capitaine 38 - Le pavillon de Versailles 39 - Engagement d'éternité 40 - Le remplaçant
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