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Destin de mousquetaires

7 - Négociations pour la Savoie

Le lendemain se passa dans une ambiance détestable, sur la route. Athos demeurait renfrogné et irritable. Aramis gardait la tête basse et évitait de parler, sans doute un peu pour se faire oublier, mais surtout parce que la moindre de ses paroles amenait une réflexion désagréable d'Athos. Porthos égal à lui-même se plaignait d'avoir faim. D'Artagnan, lui, avait cessé de prier Athos de modérer ses réflexions car rien n'y faisait. C'est ainsi que le groupe entra en Savoie et parvint à Chambéry, lieu de résidence du Duc de Savoie et de sa famille. Le Duc les reçut avec soulagement, d'autant qu'ils lui apportaient l'assurance que le Roi organisait tout pour aider le Duché à se défendre convenablement. Il les installa dans de confortables chambres, qui furent accueillies avec soulagement par Porthos et Aramis, qui étaient affaiblis à la fois par leur blessure et le voyage. Athos et D'Artagnan décidèrent de partir aussitôt pour l'Italie, accompagnés d'un guide. Les campements des troupes transalpines ayant d'ores et déjà été repérés, ils n'eurent pas de difficultés à les atteindre. Les soldats qui s'y trouvaient, occupés à polir leur épée ou à faire rôtir quelque morceau de viande, les dévisagèrent d'un air mauvais. Ils demandèrent à s'entretenir avec les commandants, au nom du Roi de France, ce qui souleva encore plus de regards noirs. Néanmoins, ils furent conduits auprès des chefs de troupes italiennes. Une sourde hostilité pesait également dans la tente, qui les mettait grandement mal à l'aise. Néanmoins Athos s'avança et commença à prendre la parole, après un salut poli :
- Nous sommes Athos et D'Artagnan, Mousquetaires du Roi de France. Nous vous présentons nos respects et nos remerciements pour votre accueil.
Un vague grognement, qui se voulait probablement une parole d'accueil, lui répondit. Sans se laisser impressionner, il poursuivit :
- Nous avons été mandés par le Roi, pacifiquement, pour vous demander la raison de la présence de vos garnisons si près de la frontière. Sa Majesté Louis le Treizième souhaite en effet conserver un climat de paix avec votre pays et se désole de voir une telle hostilité affichée.
- Les souhaits du Roi de France nous importent peu, nous recevons nos ordres exclusivement de notre propre Roi. Les ordres étant de nous positionner dans cette zone, nous y avons obéi, répondit un général grand et mince qui les toisait d'un air hautain.
- Par ailleurs, nous avons appris de source sûre que vous regroupiez vos armées pour venir vous battre contre nous, et vous parlez de paix ?, ajouta un second italien, petit, ventripotent et caché derrière une épaisse barbe noire.
Athos et D'Artagnan restèrent cois : comment savaient-ils déjà cela alors que pas une seule garnison n'était encore arrivée ? Ils attendaient la première le lendemain. Sans insister davantage, les deux hommes s'inclinèrent et quittèrent les lieux. Sur le chemin du retour, Athos demanda à son ami :
- Etes-vous aussi surpris que moi qu'ils soient déjà au courant de l'arrivée de nos garnisons, D'Artagnan ?
- En effet Athos… Je crois bien que tout cela confirme ce que je pressens depuis notre départ de Paris et toutes les mésaventures qui ont jalonné notre parcours.
- Il y a un traître dans l'entourage du Roi, qui informe les Italiens…
- Peut-être même qui tire les ficelles depuis le début… Croyez-vous les Italiens suffisamment intelligents pour échafauder un tel plan de conquête de la Savoie en vue de s'asseoir sur la France…
- À vrai dire, j'en doute, mais ce n'est pas le vrai problème. Ce qui me gêne, c'est qu'ils gardent toujours une longueur d'avance sur nous, et leurs troupes sont déjà presque toutes en place. Je me demande presque ce qu'ils attendent pour attaquer, nos défenses sont pratiquement inexistantes !
- Ma foi, qu'ils attendent, plus ils prendront de temps à se poster le long de la frontière, plus cela nous laissera de temps pour nous préparer. Le tout, c'est de guetter attentivement le moindre mouvement de leurs troupes.
Athos approuva de la tête. Il resta songeur, contrarié de ne pas avoir obtenu un résultat positif de cette entrevue. Ils arrivaient sur Chambéry, la nuit commençait à tomber, et il leur fallait encore présenter le rapport de ce premier contact au Duc, voire même envoyer un courrier au Roi, afin de hâter les préparatifs.
  1 - Le complot de Savoie
2 - En route pour le Duché
3 - Un chemin détourné
4 - Embuscade armée
5 - Découverte imprévue
6 - Chacun ses secrets
7 - Négociations pour la Savoie
8 - Echec
9 - Sur le pied de guerre !
10 - Ingratitude
11 - Une étrange réponse
12 - Résistance
13 - Fierté et faiblesse
14 - Aveux
15 - Abandon
16 - Avancée des troupes
17 - La bataille de Chamouny
18 - Retour à Paris
19 - Le jugement de Jussac
20 - Le couple interdit