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Destin de mousquetaires

4 - Embuscade armée

Ils étaient tout proches de la ville de Mâcon lorsque les coups de feux retentirent sur leur droite. Ils se virent aussitôt cernés par une douzaine d'hommes, vêtus comme des paysans. Deux d'entre eux portaient des mousquets. Les autres étaient armés d'épées et de bâtons. Impossible de savoir d'où ils venaient et ce qu'ils voulaient exactement. Seule leur agressivité était parfaitement visible. Les hommes s'étaient élancés pendant que les tireurs rechargeaient leurs armes. Les épées s'entrechoquèrent. D'Artagnan tenait un gourdin en respect de la pointe de sa lame, tandis que Rossinante avait déjà neutralisé un des assaillants d'une ruade. Athos ferraillait contre deux hommes à la fois, Porthos s'était emparé du bâton le plus proche pour en assommer son propriétaire. Aramis avait reculé vers le barrage tout proche, et combattait à l'épée avec ardeur. Un nouveau coup de feu claqua, et un rugissement retentit : Porthos obliqua vers l'homme qui venait de l'atteindre, l'attrapa sans ménagement et l'envoya de toutes ses forces contre l'arbre le plus proche. Il ramassa le mousquet tombé au sol, mais celui-ci était hélas déchargé, et ne put être utilisé qu'en guise de matraque. Le nombre des hommes diminuait, ce qui laissait plus de possibilité de fuite à cheval. D'Artagnan cria brusquement par-dessus la cohue :
- Filez par le sud, aussi vite que possible, je crois savoir comment nous débarrasser de ces hommes, seul. Et prenez la direction de ses collines que l'on voit toutes proches.
Un tir claqua encore, arrachant cette fois un cri perçant à Aramis. Elle s'écroula sur son cheval. Un des brigands la fit basculer au sol et tenta de s'emparer de sa monture, qui rua et galopa en direction du sous-bois proche. Athos éperonna, se pencha de côté pour attraper Aramis au vol et la chargea sur ses genoux. Au passage, il lança à D'Artagnan :
- Nous continuons en direction de Mâcon, dès que nous trouverons à nous abriter nous vous attendrons… Aramis et Porthos auront besoin de soins avant de continuer plus avant.
- Ne vous en faites pas pour moi Athos, je vous rejoins.
Athos pris la direction indiquée par D'Artagnan, suivi de près par Porthos. Les hommes qui les avaient attaqués semblaient hésiter, entre les suivre ou rester sur D'Artagnan, d'autant que leur nombre était déjà restreint à cinq et qu'ils n'avaient guère de chance de suivre à pied des chevaux lancés au galop. D'Artagnan dirigea Rossinante vers le tireur neutralisé par Porthos, déchaussa un étrier pour pouvoir se pencher au niveau du sol, et ramassa prestement la réserve de poudre de celui-ci. Puis il se retourna vers le second homme armé d'un mousquet, et sans lui laisser le loisir de l'atteindre à son tour, lui arracha l'arme des mains. Un simple coup d'œil lui permit de s'assurer que ses compagnons étaient déjà à bonne distance, aucun de leurs assaillants n'avait tenté de les poursuivre à pied. Une main tenta de s'agripper à lui, il retourna un violent coup de crosse dans la mâchoire de l'importun. Puis il fit prendre de l'élan à Rossinante, jetant au passage le sac de poudre au pied du barrage, et le visa tandis que Rossinante poursuivait sa course. Un seul coup de feu suffit à toucher les munitions qui explosèrent violemment, une large brèche s'ouvrit dans le barrage et un flot d'eau tourbillonnant s'abattit sur les manants restants. D'Artagnan éperonna de plus belle Rossinante, qui força l'allure, poursuivi par la marée qui se formait, inondant les champs alentours. Dès qu'il eut atteint la première colline, il s'arrêta un instant. Laissant sa monture souffler un instant, il regarda derrière lui : personne ne l'avait suivi, ils étaient bien débarrassés de ces hommes. Il regrettait néanmoins de ne pas savoir qui avait pu les mettre sur leur chemin. Ses soupçons se confirmaient peu à peu, et à présent deux d'entre eux étaient blessés. Il était sûr à présent que quelqu'un les pistait et tentait de les ralentir. Soucieux, il flatta Rossinante d'une main, tout en lui faisant reprendre le chemin du sud. Il devait songer à rejoindre rapidement ses compagnons. Cette embuscade représentait un lourd contretemps, car rien ne disait que Porthos et Aramis serait en état de chevaucher le lendemain. Mais pour commencer il lui fallait les retrouver. Athos lui avait dit vouloir s'arrêter au premier refuge convenable, il s'agissait d'ouvrir l'œil, pour ne pas se retrouver à Mâcon en les laissant en arrière. Il continua donc lentement, laissant les champs, à présent recouverts d'eau, derrière lui et s'engagea dans un bois clair. Peut-être y retrouverait-il également le cheval d'Aramis ?
  1 - Le complot de Savoie
2 - En route pour le Duché
3 - Un chemin détourné
4 - Embuscade armée
5 - Découverte imprévue
6 - Chacun ses secrets
7 - Négociations pour la Savoie
8 - Echec
9 - Sur le pied de guerre !
10 - Ingratitude
11 - Une étrange réponse
12 - Résistance
13 - Fierté et faiblesse
14 - Aveux
15 - Abandon
16 - Avancée des troupes
17 - La bataille de Chamouny
18 - Retour à Paris
19 - Le jugement de Jussac
20 - Le couple interdit