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Destin de mousquetaires

19 - Le jugement de Jussac

Le groupe parvint à Paris le lendemain soir. Jussac avait été enchaîné à son cheval, et fut conduit directement au Petit Châtelet. Il n'eut même pas le temps de se reposer en cellule, car le conseil de guerre avait été réuni avant même son arrivée, et il comparut donc immédiatement devant ses juges, sale, harassé par la longue route et fort peu enclin à discuter.
- Monsieur de Jussac, vous êtes présentement accusé de haute trahison à l'encontre de votre pays et de votre Roi. Qu'avez-vous à répondre à ces accusations ?
- Je n'ai rien à répondre. De toute façon, vous avez probablement déjà statué sur mon cas, venons-en donc au fait.
Les juges s'entreregardèrent avant de poursuivre :
- Pouvez-vous nous dire si d'autres personnes du royaume ont été impliquées dans ce complot.
Jussac hésita… après tout pourquoi serait- il seul à payer l'échec du plan ? Il livra donc les noms des deux aristocrates qui avaient imaginé ce plan. Les juges prirent note de ses dires, puis après quelques palabres, la sentence fut prononcée : Jussac était condamnée à la peine capitale, par décapitation. Il se leva fièrement et toisa le jury :
- Vous me condamnez moi aujourd'hui, n'oubliez pas de condamner demain ceux qui salissent l'image de la France par leur conduite, en se couvrant par quelques exploits militaires.
Il sortit et fut conduit immédiatement dans une cellule, mais réclama comme dernière volonté d'avoir une entrevue avec le Capitaine de la compagnie des mousquetaires, Monsieur de Tréville. Pendant ce temps, les quatre mousquetaires avaient rejoint leur quartier général, et s'était retrouvés dans la salle de garde déserte. Ils restaient en silence, goûtant le calme retrouvé après ces journées de lutte. Tous avaient une mine épuisée. Porthos avait été mis dans la confidence de la relation née entre Athos et Aramis, au cours du trajet. Quoique surpris au départ, il avait été fort heureux pour ses compagnons, surtout pour Aramis qui en avait retrouvé le sourire, et il ne pouvait s'empêcher de taquiner Athos sur ses brusques revirements d'humeur. Incapable de se départir de son esprit pratique, il demanda brusquement à Athos :
- Comment ferez-vous pour vous rencontrer à Paris, deux mousquetaires passant inlassablement leurs nuits l'un chez l'autre attireront immanquablement l'attention, ne croyez-vous pas ?
Athos approuva de la tête :
- J'y ai déjà songé mon ami, mais comme je possède une propriété calme et isolée, du côté de Versailles, un pavillon de chasse en réalité, entouré d'une large parcelle de forêt, je pense délaisser ma maison de Paris pour m'y installer en compagnie d'Aramis… Si elle le veut bien entendu…
Il avait adressé un regard à la jeune femme, qui se contenta de répondre par un regard intense, les joues une fois de plus parvenues à une extraordinaire teinte de rouge. Le Capitaine de Tréville fut introduit au petit matin, le lendemain, dans la cellule de Jussac :
- On m'a dit que vous aviez exprimé le désir de me voir, Monsieur de Jussac.
- En effet Monsieur de Tréville, je voulais vous révéler certaines affaires qui se trament dans votre dos au sein même de votre compagnie. Je vous éviterais ainsi de gros problèmes avec Sa Majesté, si par hasard celui-ci l'apprenait. Et en retour peut-être pourrez vous avoir un geste pour moi…
- Pourriez-vous en venir au fait ?
- Soit… Savez-vous que votre compagnie compte un mousquetaire qui n'est rien de moins qu'une femme ? Le Mousquetaire Aramis… et que cette demoiselle semble infiniment proche d'un de ses camarades. Notez bien que je ne reprocherais pas à Monsieur Athos d'avoir succombé à la tentation de la dévêtir, la diablesse semble embrasser divinement bien…
Monsieur de Tréville resta un instant interdit, mais se reprit et nia fermement avoir connaissance d'une telle chose.
- Je vais faire mener une enquête à ce sujet, soyez en certain, Monsieur de Jussac.
- Mais auparavant n'oubliez pas de passer voir le Roi à mon sujet, cher Capitaine !
Le Capitaine de Tréville se rendit effectivement chez le Roi en sortant du Petit Châtelet, mais pour demander à celui-ci de faire hâter l'exécution de Jussac, sous prétexte que celui-ci calomniait ses mousquetaires, ternissant l'honneur de ceux qui avait sauvé le pays. Le Roi accéda volontiers à sa requête et Jussac fut donc exécuté le jour même, en l'absence totale de témoins autres que les gardes de la prison.
  1 - Le complot de Savoie
2 - En route pour le Duché
3 - Un chemin détourné
4 - Embuscade armée
5 - Découverte imprévue
6 - Chacun ses secrets
7 - Négociations pour la Savoie
8 - Echec
9 - Sur le pied de guerre !
10 - Ingratitude
11 - Une étrange réponse
12 - Résistance
13 - Fierté et faiblesse
14 - Aveux
15 - Abandon
16 - Avancée des troupes
17 - La bataille de Chamouny
18 - Retour à Paris
19 - Le jugement de Jussac
20 - Le couple interdit