Bienvenue

Destin de mousquetaires

18 - Retour à Paris

Quelques semaines après la bataille, les quatre mousquetaires quittèrent la Savoie. Le Roi était d'ores et déjà reparti pour Paris. Après une longue entrevue avec le Roi d'Italie, un accord pacifique avait été trouvé. Les quatre compagnons étaient restés auprès du Duc de Savoie quelques temps, afin d'organiser le départ progressif des troupes françaises, tout en s'assurant que l'arrangement de paix avec l'Italie était bien respecté. Plusieurs rondes aux alentours de la frontière leur assurèrent que les compagnies italiennes se retiraient également. Les quatre compagnons emmenaient avec eux Monsieur de Jussac, qui devrait comparaître devant un tribunal sous l'accusation de haute trahison. La première journée de voyage se passa sans incident majeur, le prisonnier ne semblait pas désireux de parler, ni de tenter une fuite désespérée. Ils établirent un campement au crépuscule. Ils avaient trouvé une belle clairière, traversée par un cours d'eau qui débouchait sur une petite chute d'eau lorsqu'on en suivait le cours. Jussac avait été lié à un arbre. L'agitation était intense, car chacun voulait achever de mettre le camp en place avant que le soleil ne soit totalement couché et la nuit devenue trop sombre. Porthos avait charrié de quoi entretenir un bon feu pendant toute la nuit. D'Artagnan soignait les montures et les autres soldats montaient les tentes. Athos chuchota à l'oreille d'Aramis qu'il avait pris en aparté :
- Rejoins-moi à la cascade, dans un quart d'heure, tout le monde est bien trop occupé à dresser le camp pour s'apercevoir de notre disparition pendant un moment.
Elle ne répondit que par un sourire confus, mais se trouva à l'endroit convenu. Le bruit de l'eau avait quelque chose d'apaisant, et elle ferma les yeux, jusqu'à ce qu'Athos la rejoigne et l'enserre dans ses bras. Il l'embrassa avant qu'elle ait pu faire un mouvement. Sa main s'aventura sous le pourpoint de la jeune femme.
- Pas ici Athos, c'est trop risqué, nos compagnons et les soldats qui nous accompagnent sont bien trop proches, et nous aurons vite retrouvés si d'aventure ils nous recherchent.
- Pourquoi faut-il toujours que tu parles avec un tel bon sens ?
- Parce que si nous sommes surpris, c'est la mort, pour moi et peut-être même pour toi. Tu le sais aussi bien que moi.
Athos hocha la tête avec un soupir, mais il l'aurait voulu toute à lui. Il l'attira contre son corps et l'embrassa avec volupté. Un long moment après, sa main droite emprisonna les poignets d'Aramis tandis que la gauche défaisait maladroitement ses vêtements en dépit de ses protestations. Pendant ce temps, Jussac était parvenu à se délier discrètement de ses liens, et avait rampé vers les buissons. Puis moitié courant, moitié rampant, il prit la direction de l'aval de la rivière. En suivant le cours d'eau, il pensait parvenir à un village et là se procurer une monture pour fuir plus rapidement. Il stoppa en entendant un murmure, et distingua deux silhouettes non loin de la chute d'eau. Intrigué, il se rapprocha, et reconnu Athos et Aramis qui conversaient. Puis d'un coup, il vit Athos se pencher, attirer son compagnon à lui, et l'embrasser avec une ferveur visiblement partagée. Jussac en resta interdit. Deux hommes, deux mousquetaires, ensembles, c'était scandaleux ! Mais Athos avait commencé à déboutonner les vêtements d'Aramis d'une main, et Jussac comprit instantanément en voyant les bandages qui serraient le buste d'Aramis… C'était une femme, et non un homme. Elle se faisait passer pour un homme, ce qui pouvait probablement lui valoir une solide condamnation. Elle avait repoussé doucement son compagnon, mais trop tard. Le cor de chasse s'éleva brutalement au-dessus du bois, aussitôt relayé par des glapissements en provenance du camp. La fuite de Jussac avait été repérée, et les soldats avaient commencé à battre les fourrés. Athos et Aramis se joignirent aussitôt à la troupe, tandis que Jussac, fort du secret qu'il venait de découvrir reprenait ses jambes à son cou. Toutefois, que peut un homme seul à pied contre vingt hommes, à cheval et en arme ? Jussac fut rattrapé à peine quelques lieux plus loin, alors qu'il approchait de la ville qu'il avait tant espéré. Le soldat qui le captura se fit d'ailleurs fort de profiter de la présence toute proche d'habitations pour trouver de quoi attacher le fuyard de façon plus efficace. Jussac fut ainsi ramené au campement, solidement enchaîné, pieds et poings liés. Il passa la nuit ainsi, sa chaîne le reliant au soldat de garde, de sorte que le moindre de ses mouvements donnerait immédiatement lieu à une alerte.
  1 - Le complot de Savoie
2 - En route pour le Duché
3 - Un chemin détourné
4 - Embuscade armée
5 - Découverte imprévue
6 - Chacun ses secrets
7 - Négociations pour la Savoie
8 - Echec
9 - Sur le pied de guerre !
10 - Ingratitude
11 - Une étrange réponse
12 - Résistance
13 - Fierté et faiblesse
14 - Aveux
15 - Abandon
16 - Avancée des troupes
17 - La bataille de Chamouny
18 - Retour à Paris
19 - Le jugement de Jussac
20 - Le couple interdit