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Destin de mousquetaires

15 - Abandon

- Je vous désire, déclara-t-il abruptement au bout d'un moment.
Elle croisa les bras, à la fois surprise et troublée :
- Vous me désirez ? Et après ? Ne suis-je donc qu'un objet à vos yeux ?
- Je n'ai pas dit cela, mais j'ignore si nous serons encore vivants dans les semaines à venir, vu la tournure des évènements, je ne veux pas vous faire de promesse, alors que je risque de ne pouvoir la tenir…
Aramis baissa les yeux, sachant à quel point il avait raison : leur situation était précaire face aux troupes italiennes massées à la frontière. Sans doute la désirait-il, mais l'aimait-il ? Rien ne lui paraissait moins sûr. Elle prit une inspiration, se leva et lui tourna le dos, commençant à déboutonner son pourpoint… Son cœur battait à se rompre, mais elle était brusquement très sûre d'elle : si elle devait mourir au combat, qu'au moins elle ait assouvi l'amour qui brûlait en elle pour lui, depuis si longtemps… Lorsque sa chemise tomba sur le sol, les mains d'Athos se posèrent sur ses épaules. Il s'était levé péniblement, approché en silence, et il la serrait à présent contre lui. Il entreprit de dénouer méthodiquement les bandages qui enserraient le buste de la jeune femme, révélant ainsi les formes généreuses qu'elle masquait. Il lui fit faire demi-tour, effleura lentement les courbes qu'il venait de mettre à nu et posa un baiser sur ses lèvres tièdes… elle se blottit contre lui. Quand lui-même entreprit de se déshabiller, elle se retourna de nouveau, les joues en feu, ôtant ses bottes. Comme elle hésitait sur son pantalon, elle sentit les mains d'Athos sur les siennes, qui firent glisser le tissu jusqu'à ses chevilles, tandis qu'il déposait un baiser léger comme le vent au creux de ses reins. Elle frissonna : elle n'avait pas l'habitude de se retrouver ainsi dénudée ; en tant que femme elle se sentait vulnérable. De plus, il l'avait de nouveau serrée dans ses bras, et elle pouvait deviner le désir de son compagnon contre son propre corps. Il la souleva telle une plume, et la porta sur son lit. Puis s'allongeant auprès d'elle, il contempla un moment son corps affermi et marqué par des années de combat et d'entraînement, et pourtant si délicieusement féminin. Elle avait fermé les yeux, sa respiration était rapide et son visage empourpré. Elle sentait le regard d'Athos sur elle, et surtout la chaleur qu'il dégageait tout contre elle. Le regard céda la place à une caresse infiniment douce, qui fit frémir chaque parcelle de son être.
- Tu trembles ! Tu as froid ?
La voix d'Athos semblait venir d'un autre monde, elle ouvrit les yeux et secoua la tête. Il était si proche d'elle qu'elle n'avait nul besoin de ses yeux pour imaginer la moindre partie de son corps de soldat aux muscles saillants, noueux, et balafrés. Un corps qui la rassurait et l'attirait. Il resta un instant les yeux plongés dans ceux d'Aramis, comprenant, sans qu'une parole ne soit échangée, les réticences de la jeune femme. Il se rapprocha de son visage, effleura doucement ses lèvres douces et pleines, puis murmura tout doucement :
- Je ne veux pas te forcer.
- Ce n'est pas le cas… en aucune façon.
Athos n'hésita qu'un instant, il ne put résister au regard qu'elle posait à présent sur lui, celui d'un être confiant et abandonné. L'enserrant sous son corps, il l'aima… avec tendresse et avec fougue à la fois… Lui arrachant d'abord un petit cri rauque, il l'amena avec douceur et patience à apprécier leur union autant que lui-même. Aramis mordit son poing pour étouffer ses gémissements. Elle se laissa totalement dominer ; elle qui savait diriger les hommes et s'en faire respecter, se livra à son compagnon d'arme, avec une telle ferveur qu'Athos comprit avec certitude à quel point elle l'aimait, dans le sens le plus absolu du terme. Il en fut ému, d'autant que l'attirance qu'il éprouvait pour elle se fondait irrésistiblement en un sentiment de plus en plus pur, ce dont il avait pleinement conscience pour avoir vainement tenté de l'étouffer depuis le début. Lorsqu'il relâcha son étreinte, il eut envie de lui murmurer qu'il l'aimait, mais un élancement brutal de sa blessure lui rappela leur situation. L'heure n'était pas encore aux déclarations, et il se contenta de l'embrasser avec force. Elle répondit à son baiser, se lovant entre ses bras, puis elle lui adressa un sourire avant de fermer les yeux. Bientôt imitée par son compagnon, ils s'endormirent l'un contre l'autre, tentant d'oublier le monde qui les entourait et la dangereuse mission qui leur incombait.
  1 - Le complot de Savoie
2 - En route pour le Duché
3 - Un chemin détourné
4 - Embuscade armée
5 - Découverte imprévue
6 - Chacun ses secrets
7 - Négociations pour la Savoie
8 - Echec
9 - Sur le pied de guerre !
10 - Ingratitude
11 - Une étrange réponse
12 - Résistance
13 - Fierté et faiblesse
14 - Aveux
15 - Abandon
16 - Avancée des troupes
17 - La bataille de Chamouny
18 - Retour à Paris
19 - Le jugement de Jussac
20 - Le couple interdit